Au lendemain du rapport alarmant du GIEC, dévoilant que le réchauffement climatique devrait augmenter de 1,5 °C dès 2030, les Français s’inquiètent et s’interrogent. Le nucléaire, qui produit aujourd’hui 78 % de l’électricité, est-il indispensable à l’activité humaine ? Quelles sont les alternatives possibles ? Pourra-t-on bientôt utiliser 100 % d’énergies renouvelables ? Une chose est sûre, la situation est urgente. Efforts collectifs et politiques, les prochaines années seront décisives pour l’avenir de notre planète.
Le nucléaire : la source énergétique principale du pays
78 % de notre électricité est produite par le nucléaire. Dangereux, il est aujourd’hui fortement décrié par les plus fervents défenseurs de la planète. Ces derniers veulent montrer qu’il n’y a pas de fatalité en la matière et qu’une sortie du nucléaire est possible, grâce aux énergies renouvelables.
Pour ou contre le nucléaire ? Les raisons d’un débat
Pour ou contre le nucléaire ? Le nucléaire est sujet à de nombreux débats. Et pour cause : le nucléaire est une énergie peu carbonée et disponible à la demande. Peu carbonée, car les centrales n’émettent que 820 g de CO2 par kw/h, selon les chiffres du GIEC. À titre de comparaison, le gaz représente 490 g de CO2 par kw/h et le photovoltaïque 41 g. Les Français se félicitent donc d’émettre six fois moins de gaz à effet de serre par habitant que la moyenne des autres pays d’Europe.
Au regard des rejets de CO2, le nucléaire est donc une énergie plutôt verte. Il ne peut cependant être qualifié de décarboné si l’on tient compte de l’ensemble du cycle lié à l’exploitation d’une centrale nucléaire. Extraction du minerai d’uranium, transport vers les usines, transformation de l’uranium en combustible et enfouissement des déchets radioactifs sont des procédés polluants.
Selon les défenseurs du nucléaire, il n’est pas possible de remplacer les centrales par 100 % d’énergies renouvelables. Ceci parce que les centrales nucléaires et hydrauliques sont les seules à produire abondamment une énergie décarbonée et pilotable. Ce dernier point est essentiel dans le débat du nucléaire.
Une énergie pilotable est une énergie qui est disponible à la demande. Elle permet à toute la population française de mettre en route ses appareils électriques à n’importe quel moment de la journée. Un avantage majeur que les énergies renouvelables, tributaires de la situation météorologique (vent, soleil), ne sont pas en mesure de présenter.
Quel danger le nucléaire représente-t-il ?
Le nucléaire représente un véritable danger pour notre santé. Sur le sol français, les réacteurs vieillissent et se fragilisent. 739 incidents ont eu lieu sur le parc nucléaire en 2006. Les installations des centrales représentent donc un véritable risque pour la population. Si certains pays, comme le Japon, sont plus accoutumés aux séismes que la France, cette dernière n’est cependant pas protégée contre les risques. Les centrales nucléaires, déjà fragilisées par le grand âge, pourraient donc dégager des déchets radioactifs.
Dans le détail, le nucléaire présente des risques s’il est confronté :
-
À des attentats sur les centrales,
-
À un vieillissement des centrales,
-
À un problème de surchauffe en cas de canicule,
-
À une erreur humaine.
Outre les dangers que représente le nucléaire pour la santé, il faut noter l’investissement majeur qu’il représente pour le pays. D’ici à 2028,34 des 58 réacteurs auront quarante ans, soit l’âge d’exploitation limite prévue lors de la construction du parc. Concrètement, chaque réacteur demandera un coût en réparation et rénovation de 800 millions d’euros pour un prolongement de quarante années supplémentaires.
Autre problème que présente le nucléaire : il ne favorise pas la sobriété énergétique. Autrement dit, il entretient l’idée collective que les ressources énergétiques sont inépuisables et invite la population à consommer de l’électricité. Si le nucléaire n’est pas une source massive de rejet de CO2, il n’est donc pas pour autant zéro carbone. Le gouvernement mise aujourd’hui sur le développement des énergies renouvelables et sur la rénovation énergétique des bâtiments considérés aujourd’hui comme des “passoires thermiques”.
Comment sortir du nucléaire ?
Malgré les points positifs entourant l’énergie nucléaire, il est difficile d’ignorer les risques qu’elle représente pour la population.
Par ailleurs, il est intéressant d’observer que 78 % des Français interrogés souhaitent développer les énergies renouvelables dans l’objectif qu’elles deviennent l’unique ou la principale source d’énergie. Une opinion publique qui peine à faire son entrée au sein du débat politique.
Quelle que soit la prise de position concernant le nucléaire, on ne peut ignorer les ressources de la planète. En effet, l’uranium n’est pas inépuisable, le monde est donc contraint, d’une façon ou d’une autre, de repenser son système énergétique global. Pour sortir du nucléaire, des efforts collectifs et politiques doivent être opérés.
Freiner le gaspillage énergétique
Freiner le gaspillage énergétique est essentiel pour réduire le nombre de centrales nucléaires. Grâce aux économies d’énergies, 23 réacteurs nucléaires pourront être arrêtés sur les dix années à venir. La population a donc un rôle important à jouer dans la mise en place d’énergies renouvelables.
Le gaspillage énergétique concerne :
-
L’éclairage public : l’éclairage public et enseignes lumineuses pourraient faire économiser 70 % des consommations liées à l’éclairage en 10 ans.
-
Les bureaux : équipement électrique, systèmes de ventilation, électroménager, informatique et ascenseurs sont des appareils consommant beaucoup d’électricité. Pour répondre à ce problème, la mise en place d’une norme de consommation énergétique maximale est nécessaire.
-
Les habitations : les ordinateurs, modems internet et autres télévisions consomment considérablement. Les plus vieux doivent être remplacés selon la conscience de chacun et être impérativement éteints après chaque utilisation.
-
Le chauffage : eau chaude, chauffage et climatisation sont les pôles gaspillant le plus d’électricité sur le sol français. Si la consommation de chacun d’entre eux dépend de l’effort de chacun, des mesures alternatives sont à prévoir. La question de la climatisation pourrait, par exemple, être réglée par des protections solaires sur les fenêtres ou le renforcement de l’isolation des bâtiments. Ainsi, ces derniers pourraient bénéficier d’une isolation bénéfique en été comme en hiver.
-
L’isolation : il s’agit du principal cheval de bataille du gouvernement. À confort égale, une mauvaise isolation consomme trois fois plus d’énergie que les nouveaux logements. Des mesures telles que MaPrimeRénov’ visent à responsabiliser les propriétaires, tout en leur octroyant une aide financière, pour rénover leur logement. À noter que les indices de dépense énergétique seront bientôt systématiquement contrôlés et donneront lieu à des rénovations obligatoires.
Remplacer le nucléaire par les énergies renouvelables
Le nucléaire n’est pas la seule énergie disponible sur le sol français et dans le monde. Les énergies renouvelables comme l’éolien, la biomasse ou le solaire photovoltaïque, développés à grande échelle, sont en capacité de produire autant que 25 réacteurs nucléaires.
Utiliser 100 % d’énergies renouvelables dès demain est une tâche qui s’avère cependant particulièrement difficile. En effet, ces dernières ne seraient pas en mesure de couvrir la totalité des besoins dans l’Hexagone. Le mixage des énergies renouvelables avec le nucléaire s’avère donc nécessaire dans un premier temps.
Récupérer la chaleur grâce à la cogénération
La cogénération, encore peu connue, est un procédé consistant à récupérer la chaleur dégagée par un moteur générant de l’électricité. Autrement dit, ce système permet de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur. La cogénération a un rendement énergétique de 80 % à 90 %, une donnée très positive au regard de la production des moteurs classiques (40 %).
Les énergies renouvelables : une alternative au nucléaire
Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable ?
Une énergie renouvelable est une énergie provenant de ressources naturelles, comme l’eau, le vent ou le soleil. Elle est qualifiée de renouvelable, car produite en permanence. L’énergie non renouvelable, elle, exploite des ressources épuisables dans le temps (l’uranium pour le nucléaire par exemple).
Les énergies renouvelables proviennent de :
-
La Terre, qui dégage de la chaleur.
-
Le Soleil : à l’origine du vent, de la croissance des végétaux, du cycle de l’eau et des marées.
L’énergie renouvelable, également appelée “énergie verte” ou “énergie propre”, exploite très peu de déchets et n’émet que très peu de pollution. Seul inconvénient déjà exposé, les énergies renouvelables produisent moins d’énergie que les non renouvelables.
Éoliennes : l’énergie renouvelable électrique
Les éoliennes transforment l’énergie du vent en électricité. Leur puissance peut atteindre 8MW en mer et 2 à 5 MW sur terre. L’éolienne a l’avantage d’avoir un bilan carbone pratiquement nul. En effet, une étude de l’ADEME informe que l’éolienne terrestre émet en moyenne 12,7 g de CO2 par kW/h et l’éolienne maritime, 14,8 g. Pour rappel, le nucléaire rejette 820 g de CO2 par kW/h. Les éoliennes ne sont donc pas entièrement vertes, mais permettent de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. À noter qu’une éolienne de 2 MW fournit de l’électricité pour 2000 personnes.
Les éoliennes ont une durée de vie comprise entre 20 et 30 ans. Lorsqu’elles arrivent en fin de vie, l’exploitant a obligation de les retirer et de recycler ses composants. L’éolienne est recyclable à 90 %. Les parties recyclables sont ses fondations en béton armé et les parties métalliques en acier, en cuivre et en aluminium. Le gouvernement compte particulièrement sur le déploiement des éoliennes pour arriver à un bilan carbone neutre d’ici à 2050.
Énergie solaire : l’utilisation des capteurs thermiques
L’énergie solaire fabrique de l’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, destinés à capter la lumière du soleil. Il s’agit d’une énergie renouvelable totalement propre, car ne dégage pas de dioxyde de carbone. L’énergie solaire peut être produite à partir de panneaux et de réflecteurs.
Il existe trois types d’énergie solaire :
-
L’énergie solaire photovoltaïque : les systèmes photovoltaïques produisent de l’électricité directement à partir du soleil. Elle est rendue possible grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques.
-
L’énergie solaire thermique : elle recueille et concentre la lumière du soleil pour produire la chaleur à haute température. Elle fonctionne à l’aide de miroirs et de réflecteurs.
-
L’énergie solaire thermodynamique : ce type d’énergie permet de chauffer l’eau grâce à des panneaux solaires thermodynamiques. Contrairement aux panneaux solaires photovoltaïques, la thermodynamique n’a pas besoin de la lumière du soleil pour produire de la chaleur. Elle est ainsi utilisable tout au long de l’année.
Biomasse et hydraulique : les autres types d’énergies
Si le nucléaire, le gaz et le photovoltaïque sont les principales énergies utilisées sur le sol français, il existe d’autres types d’énergies renouvelables. Concrètement, il existe cinq grandes familles d’énergies renouvelables :
-
L’énergie solaire (photovoltaïque et thermique)
-
L’énergie éolienne
-
L’énergie hydraulique et énergies marines
-
La biomasse (énergie bois, biogaz, biocarburants)
-
La géothermie
-
L’architecture bioclimatique
L’énergie hydraulique représente 19 % de la production totale d’électricité dans le monde et 13 % en France. C’est donc la source d’énergie renouvelable la plus utilisée autour du globe. Aujourd’hui, tout le potentiel hydraulique n’est pas exploité. C’est en mobilisant tous les types d’énergies renouvelables que le pays sera en capacité de fournir suffisamment d’électricité pour couvrir tous les foyers français.
100 % d’énergie renouvelable : est-ce possible ?
Oui ! Selon un rapport de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise Énergétique), datant de 2015, il est possible de couvrir les besoins énergétiques en France avec 100 % d’énergies renouvelables. Une transition qui s’avère possible d’ici à 2050. En 2017, l’ADEME publie une autre étude dévoilant la possibilité d’effectuer un mix énergétique 100 % renouvelable.
Les énergies renouvelables sont fiables et complémentaires. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a donc aucun risque pour que la population soit privée d’électricité par mauvais temps ou manque de vent. Des organismes tentent par ailleurs de mettre fin à des idées reçues : la consommation d’électricité ne va pas exploser dans les années à venir. En France, on peut donc sortir du nucléaire, réduire nos émissions de gaz à effet de serre et se chauffer l’hiver !